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val. »
Il fallut obéir, et, ce qui lui fut particulièrement désagréa-
ble, M. François, ce matin-là, n eut pas la possibilité de se faire
la barbe.
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À cet instant, le brigadier ne put retenir un cri d indigna-
tion :
« Le voici !& le voici !& » répétait-il.
Et tous les regards se portèrent vers le personnage que Pis-
tache désignait à ses compagnons.
C était Mézaki. Après avoir conduit le détachement jusqu à
Gizeb, il avait disparu, et, pendant la nuit, il venait de rejoindre
la bande de Sohar.
« Rien à dire à ce misérable ! » ajouta le capitaine Hardi-
gan, et, comme Mézaki le regardait effrontément, il lui tourna le
dos.
Et, alors, M. François de s exprimer ainsi :
« Décidément, ce Targui ne paraît pas être une personne
recommandable&
 J te crois ! » répliqua Pistache, qui, en employant cette
vulgaire locution, tutoya pour la première fois M. François, ce
dont cet homme si comme il faut voulut bien ne point se blesser.
À l orage de la veille succédait un temps superbe. Pas un
nuage au ciel, aucun souffle à la surface du chott. Aussi le che-
minement fut-il très pénible. D oasis, il ne s en rencontrait au-
cune sur cette partie de la dépression, et la troupe ne retrouve-
rait l abri des arbres qu à la pointe de l Hinguiz.
Sohar pressait la marche. Il avait hâte d avoir regagné Zen-
fig où l attendait son frère. Du reste, rien ne pouvait encore
permettre aux prisonniers de penser qu ils fussent tombés entre
les mains de Hadjar. Ce que le capitaine Hardigan et
 185 
M. de Schaller imaginaient avec quelque raison, c est que cette
dernière agression n avait pas eu pour objet le pillage du cam-
pement de Goléah qui n en valait pas la peine. Ce coup de main
devait être plutôt une représaille des tribus du Melrir, et qui sait
si le capitaine et ses compagnons n allaient pas payer de leur
liberté, de leur vie peut-être, ce projet d une mer Saharienne !
Cette première journée comprit deux étapes, soit ensemble
un parcours de vingt-cinq kilomètres. La chaleur avait été, sinon
accablante, puisque le temps n était pas à l orage, mais d une
extraordinaire intensité. Celui qui souffrit le plus pendant la
marche, ce fut assurément M. François, juché sur le dos d un
méhari. Peu habitué aux secousses de ce genre de monture, il
était littéralement rompu, et il fallut l attacher pour empêcher
sa chute, tant la bête trottait durement.
La nuit se passa tranquillement, sauf que le silence fut
troublé par les rauques rugissements des fauves qui rôdaient à
la surface du chott.
Pendant ces premières étapes, Sohar avait dû suivre certai-
nes sentes qu il connaissait bien pour ne pas s enliser dans les
fondrières. Mais, le lendemain, le cheminement s effectua sur le
sol de I Hinguiz, qui présentait toute solidité.
Les marches de ce 15 avril se firent donc dans des condi-
tions meilleures que la veille, et, vers le soir, Sohar s arrêtait à
l oasis de Zenfig avec ses prisonniers.
Et quelles furent leur surprise à tous, leurs inquiétudes
trop justifiées, lorsqu ils se trouvèrent en présence de Hadjar !
 186 
XIV
EN CAPTIVITÉ
L habitation dans laquelle furent conduits les prisonniers
de Sohar était l ancien bordj de la bourgade. Depuis nombre
d années déjà il tombait en ruine. Ses murailles délabrées cou-
ronnaient un tertre de moyenne altitude sur la lisière septen-
trionale de l oasis. Jadis, ce château, un simple fort, avait servi
aux Touareg de Zenfig, lors des grandes luttes que les tribus
soutinrent entre elles dans toute la région du Djerid. Mais,
après la pacification, on ne s était plus occupé ni de le réparer ni
de l entretenir en bon état.
Un « sour » ébréché en maint endroit, servait d enceinte à
ce bordj qu une « souma ah », sorte de minaret décoiffé de son
extrême pointe, surmontait encore et d où la vue pouvait large-
ment s étendre en tous sens.
Cependant, si délabré qu il fût, le bordj offrait encore quel-
ques parties habitables au centre de la construction. Deux ou
trois salles accédant sur une cour intérieure, sans meubles, sans
tentures, séparées par d épaisses parois, pouvaient abriter
contre les rafales de la bonne et les froids de la mauvaise saison.
C est là que l ingénieur, le capitaine Hardigan, le brigadier
Pistache, M. François et les deux spahis furent conduits dès leur
arrivée à Zenfig.
Hadjar ne leur avait point adressé une seule parole, et So-
har, qui les amena au bordj sous l escorte d une douzaine de
Touareg, ne répondit à aucune de leurs questions.
 187 
Il va sans dire que, lors de l attaque du campement, le capi-
taine Hardigan et ses compagnons n avaient pas eu la possibilité
de se jeter sur leurs armes, sabres, revolvers, carabines. Ils fu-
rent d ailleurs fouillés, dépouillés du peu d argent qu ils por-
taient sur eux, et il n est pas jusqu à M. François, légitimement
indigné, auquel ces malappris n eussent enlevé son rasoir.
Lorsque Sohar les eut laissés seuls, le capitaine et l ingé-
nieur prirent soin tout d abord d explorer le bordj.
« Quand on est enfermé dans une prison, observa
M. de Schaller, la première chose à faire est de la visiter&
 Et la seconde de s en échapper », ajouta le capitaine Har-
digan.
Tous parcoururent donc la cour intérieure, au milieu de la-
quelle se dressait le minaret. Il fallut bien le reconnaître, les
murailles qui l entouraient, hautes d une vingtaine de pieds,
seraient infranchissables. On n y découvrit aucune brèche
comme il en existait au sour extérieur qui bordait le chemin de [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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